Chainse vs Chemize

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Niall

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Posté le 03-04-2012 à 15:15:12

Chainse VS Chemise

Une interprétation du terme chainse erronée !

« Ele ert vestue en itel guise
De chainse blanc e de chemise,
Que tuit li costé li pareient
Ki de dous parz lacié esteient. »
Marie de France, Le lai de Lanval, vers 565, vers 1160-1170.

Le terme chainse existe bien mais comme on peut le lire dans ces quelques lignes, on le trouve à côté du mot chemise.

Il est vrais que la "chemise de corps" au moyen age s'appelle bien chemise ou chemize. On la retrouve dans les textes comme première couche de vêtement, celle qui se trouve sur la peau et qui est en lin, chanvre ou ortie (bien plus lin ou chanvre dans les textes).

Le chainse est une représentation d’un sexe.

Quand au chainse (nom masculin) lui serais une seconde voire dernière couche, toujours blanche ou safranée, mais on ne sait de quelle matière.
(Voir la thèse d'éléna rozoumniak uniquement au XIIème et au début du XIIIème siècle).
On ne sait non plus s’il représente un vêtement réellement porté ou uniquement une symbolique. (Romane Wolf-Bonvin : Le chainse : variations littéraires sur un semblant (XIIème-XIVème siècles), p. 173-188 de l'édition du colloque sur le corps et sa parure, éditions Sismel, 2007)

Pour ce que l’on sait, le chainse est uniquement porté par la gent féminine, et représente selon les cas un symbole de pureté ou au contraire d’indécence.
Pour illustrer Tina Anderlini l’explique sur le forum des guerriers du moyen-âge :

"Chose intéressante dans l'article : le chainse n'est jamais porté par des vieilles. C'est uniquement pour les femmes en âge de séduire (porté par des hommes, c'est quand ils rusent... Et veulent se faire passer pour des femmes. ) Sinon, c'est la grosse grosse marque d'amour, en portant le chainse de sa dame. Conte des Trois Chevaliers et du Chainse, vers 1300. Une des dernières apparitions du terme.) Et il ne détermine pas non plus si une femme est célibataire, mariée, vierge, veuve, etc...
Il n'y a pas vraiment de connotation morale liée au chainse, en dehors de la séduction. Il est porté par la vierge qui séduit innocemment (Enid), ou par la femme qui s'en va galipèter (néologisme perso qui me fait bien marrer) avec le chapelain (Roman des 7 Sages). Quand le chainse apparaît dans un récit, dans la quasi totalité des cas, va y avoir histoire amoureuse, avec ou sans conclusion.
C'est aussi, et surtout, une métaphore de la chair (qui, selon les normes de l'époque, est blanche On ne fait pas bronzette en ce temps-là )"

Parfois, son côté "mauvais" est lié aux longues manches, aux longues tresses et aux laçages. Là, c'est la totale. (Partonopeu de Blois. Le chainse et les autres fanfreluches sont condamnés par les dames pieuses) Avec en plus une comparaison avec le linceul... C'est blanc aussi, mais, plus discret... (Et même les fermaux sont alors appelés "harpons". Vers del Juïse. La traîne -grande coe-, c'est pas mieux, et ça aurait même donné le mot "traînée" -une des hypothèses pour l'origine du mot- Fabliau de Richeut). Mais, ce qui est assez marrant, c'est que dans certains cas négatifs, on ne semble pas insister sur la blancheur du chainse, au XIIIème siècle (où le blanc prend une valeur de plus en plus symbolique). En revanche, toujours pour le XIIIème, on insiste sur le blanc dans les cas "purs".

Il ressemble à une chemise, mais pas tant que ça, puisqu'il peut avoir une traîne, des manches détachables, un laçage, etc...
Etymologiquement, il a la même origine que chemise. Mais, dès son apparition en littérature, il est lié au charme. Et on peut avoir deux niveaux de lecture : "celle de l'amant et celle du moraliste".

Et voilà comment on se retrouve à essayer de supprimer le mot "chainse" de notre vocabulaire en tant que synonyme de chemise, et à sa recherche tant qu'à son existence réelle.
Nous ignorons d'où viens l'utilisation de ce mot si proche du mot "cainsil" qui est un tissus utilisé pour fabriquer les chemises, nous supputons une mauvaise lecture de violet le duc mais quoiqu'il en soit arrêtons d'utiliser ce terme!
Cela fait des années et des années que Goupil nous préviens, moi même je l'ai vu mais ai gardé ce mot communément adopté par l'ensemble des médiévistes. Je remercie Tinade l'avoir remis sur le tapis et Maebh d'avoir donné des sources plus pointues auxquelles en tant que non universitaire je n'aurais pas eu accès pour me ranger de ce coté du point de vu.
Enfin il fallais bien qu'un jour je me prenne par la main et aille barrer tout ces "chainses" de mon blog. Ce jour est arrivé!

Article extrait du site de Perline la tisserande remixé et écourté.

Maelle

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