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 L'Hygiène au Moyen-âge. (par Maëlle DDD)

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reorgwenn
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reorgwenn
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   Posté le 23-01-2013 à 16:05:50   Voir le profil de reorgwenn (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à reorgwenn   

Maëlle a fait des recherches autour de l'hygiène au Moyen-âge.
Elle m'a chargé de les mettre sur le forum.
Merci à elle pour toutes ces recherches.
N'hésitez pas à fournir et renvoyer vos sources sur le sujet si vous avez de plus amples infos.

(je rappelle que ce post concerne le Moyen-âge et pas seulement le XIIIe. Merci!)
(désolé je n'ai pu y intégrer les images correspondantes.)

L'hygiène du corps au Moyen âge
Le mot « hygiène est emprunté du grec hugieinon, dérivé d’hugieia, « santé ».
Contrairement aux idées préconçues, le moyen-âge accorde une place importante à l’hygiène. L’eau était alors un élément sacré, un remède, et un plaisir.
« Toute femme bien organisée possédait sa fourgeoire, contenant l’escurette (cure-oreille), la furgette (cure-ongle) et le fusequoir (cure-dent) » et dans les milieux nobiliaires on utilisait également une esguilette (cordon de soi et ancêtre du fil dentaire)
L’eau et la naissance :
Les enluminures ou miniatures permettent de saisir le climat de l’époque qu’elle dépeint. On peut donc remarquer que les hommes et les femmes se lavaient fréquemment pour être propre, mais aussi pour le plaisir. Dès la naissance, le bain est mis en valeur.
L’enluminure de droite (fresque de Menabuoi, Padoue, baptistère) illustre le fait que le petit d’homme était lavé plusieurs fois par jour, ce qui est expliqué par exemple dans les traités de médecine et d’éducation écrit par Barthélemy l’Anglais, Vincent de Beauvais et Aldébrandin de Sienne qui instaurent une véritable obsession de la propreté infantile qui par ailleurs cessera dès le 16ème siècle.
Le bain est donné « quand l’enfant aura assez dormi, ci le doit-on laver trois fois par jour ».
Les cuviers sont bâtis aux dimensions d’un nourrisson allongé ; ils sont ovales ou circulaires, faits de douelles de bois. Certains cuviers possèdent un dais, sorte de pavillon de toile nouée au sommet d’une perche de bois qui surmonte la cuve, afin de protéger l’enfant des courants d’air ; cet ajout est réservé aux milieux favorisés.
Ce sont la mère et la servante qui baigne l’enfant et teste l’eau car elle se doit d’être « douce et de moyenne chaleur ». il faut également prendre des précautions comme placer le cuvier devant un bon feu de cheminée et prévoir une sortie de bain assez grande pour bien envelopper l’enfant.
La fréquence des bains s’explique par la valeur curative qu’on leur attribue.
« On se baigne et oint pour nourrir la chaire nettement », dit l’auteur du livre de propriétés des choses, Barthélemy l’Anglais. Le premier bain de la naissance est un rite de reconnaissance par la famille. La religion Chrétienne a repris à son compte la gestuelle de l’hygiène néonatale à cette différence qu’il s’agit de débarrasser l’enfant non de ses mucosités, mais du péché originel. Que l’usage de l’eau soit symbolique ou matériel, l’eau est considérée sous un aspect bien faisant et purificateur. A l’âge adulte, les bains sembles intégrés à la vie quotidienne, surtout à partir du 14ème siècle.
Au moyen-âge l’hygiène devient un art de vivre. On se lavait, certes pour être propre mais aussi par plaisir :
Dans les villes, chaque quartier possédait ses propres bains. Il était plus facile pour les individus de se rendre aux étuves que de se faire chauffer un bain chez soi. A l’aube les crieurs passaient dans les rues pour avertir la population que les bains étaient prêts : « Seigneur qu’or vous allez baigner et étuver sans délayer ; Les bains sont chauds, c’est sans mentir... ».
En 1292, la ville de Paris compte 26 ou 27 étuves (selon les sources), mais elles existaient avant cette date puisque Saint Louis essayait déjà de réglementer le métier en 1268. Mais on ne sait pas à quel moment sont créés les premiers bains. Peut-être sont-ils les descendants des thermes romains.
Aux 14e et 15e siècles, les étuves publiques connaissent leur apogée (Chartre, une petite ville à l’époque, en comptera 5 et l’on sait que Dijon, Digne, Rouen, Strasbourg en seront également équipées). Ces établissements étaient très florissants, certains appartenaient même au clergé. A l’origine d’ordre hygiénique, il semble qu’au fil du temps cette pratique ait pris un caractère sensuel prétexte à toutes sortes d’agréments galants.
Dans la maison, aucune pièce n’est réservée particulièrement à la toilette. On se baigne dans la salle commune ou dans la chambre, dans un baquet de bois dans lequel on a pris soin de déplier un « fond de bain » qui évite de prendre des échardes et celui-ci servait également à filtrer les saletés entre le bain des différentes personnes. Les maisons n’ont pas l’eau courante, préparer un bain prend donc un certain temps. Il faut aller remplir des seaux d’eau, puis la chauffer, et la verser dans le baquet. Souvent un rideau autour du baquet permet de garder plus longtemps la chaleur.


Le savon : (du latin « sapo »
Barthélemy l’Anglais, au 13ème siècle, conseille, de se laver souvent la peau, les cheveux et la bouche. Il y a tout un environnement social qui pousse les gens, surtout en ville, à prendre soin de leur corps. De plus, les produits de toilette ne manquaient pas. Le savon existait à Paris, un décret de fabrication rend obligatoire l’apposition d’un sceau sur le savon.
Il y avait trois sortes de savon :
• le gallique est fait à base de cendre (de saponaire ou de hêtre) et de suif (souvent de chèvre), c’est un savon assez rudimentaire et peu cher.
• Le savon d’Alep, à base d’huile d’olive, est un produit d’importation et donc un produit plus cher et inaccessible pour les couches supérieur de la population.
Marseille, grand port de commerce, deviendra le premier fabriquant de savon de France, au IXème siècle. C’est au XIVème siècle qu’apparaît le premier savonnier officiel marseillais tel qu’on le connait encore aujourd’hui.
• Ceux qui n’avait pas les moyens de s’en acheter utilisait la Saponaire ou herbe à savon, c’est une herbacée à fleur rose et odorante dont le suc dissous dans l’eau, mousse.
Utilisation de la Saponaire :
Prendre la racine et en faire bouillir 15g dans 60cl d’eau puis baisser en température et laisser frémir pendant 15 min. filtré la préparation et ajouter de l’eau de rose pour son parfum.
La tige peut aussi être utilisé, la dissolution de son suc dans l’eau aurait la propriété de mousser légèrement.
Les cheveux ;
Une belle femme est blonde et porte les cheveux long, le front est haut (épilation du haut du front). Les cheveux sont attachés sous forme de tresses, de chignons et sont couverts la plupart du temps par une coiffe. Les cheveux doivent être soignés, même s’ils sont lavés moins fréquemment que le reste du corps. Ils peuvent être lavés à l’eau, avec du savon, ou de la saponaire, ou bien lavés « à sec » en appliquant de la poudre d’iris sur l’ensemble de la chevelure. Les femmes se massaient légèrement la tête avec la poudre puis éliminait l’excédent de poudre avec un peigne. La poudre de racine d’iris permet de parfumer la chevelure mais surtout d’absorber le sébum produit par le cuir chevelu. L’herbier de Dioscoride recommande l’utilisation du jus de blette ou de fleurs de genêt additionné de vinaigre pour éliminer les pellicules et les feuilles de noyer ou de chêne pour obtenir une belle chevelure.
Le chantepleure arrive au 15ème siècle. Cette petite poterie d’origine flamande, aurait pu être utilisée comme douchette pour rincer les baigneurs. Mais l’utilisation en tant que « douche », fréquente sur les lieux de reconstitution ne parait attestée ni dans les textes, ni dans l’iconographie. C’est un détournement actuel de l’usage de l’objet, sans doute lié à sa forme similaire à un pommeau de douche. Lorsqu’on le remplie d’eau, il « chante » en produisant des bulles puis lorsqu’on contrôler le débit avec le doigt il en coule une pluie fine comme des larmes. Mais cet instrument était utilisé surtout en jardinerie comme arrosoir. Néanmoins, d’autres usages furent probables. Un texte du 13ème siècle fait mention d’une chantepleure pour arroser le sol de la maison : « Qu’il ait en le maison cantepleures, et ke li pavemens soit arousés d’ewe froide », Alebrant de Sienne, Le régime dit corps, 1256.

Décolorer ses cheveux

Les femmes brunes, avaient la possibilité d’éclaircir la teinte de leurs cheveux à l’aide de plusieurs recettes plus ou moins fantaisistes. La méthode la plus efficace était sans doute l’utilisation d’urine (contenant de l’ammoniaque). Cette technique, très utilisée à Venise, est à l’origine du terme « blond vénitien ».
Autre recette (Ornatus Mulierum, ouvrage anglo-normand du XIIIème siècle):
« Voici comment la Sarrasine s'y prenait pour rendre les cheveux blonds. Elle réduisait en cendre des sarments de vigne, prenait en quantités égales de cette cendre et de le cendre de frêne, y ajoutait une bonne poignée de noix de galle et faisait cuire le tout un demi-jour dans du vinaigre. Elle lavait les cheveux avec de la lessive, puis avec la décoction qu'elle avait préparée et elle couvrait les cheveux d'une guimpe pour toute la nuit. Les cheveux devenaient blonds, et d'une manière durable. »
Colorer ses cheveux

Pour celles ne souhaitant pas éclaircir leur cheveux et souffrant de cheveux blancs, il existait des méthodes de teinture à base de brou de noix, de noix de galle...
Cheveux châtains (Ornatus Mulierum):
« Pour rendre les cheveux châtains, prenez de la gomme adragante, des noix de galle torréfiées ou du tan de châtaigner. Laissez tremper dans de l'eau de pluie où l'on ait fait cuire des feuilles de noyer et lavez les cheveux avec cette préparation. »
Cheveux noirs (Ornatus Mulierum):
« Elle prit de la rouille de fer, des noix de galle, du brou de noix et de l'alun, et elle les fit bouillir dans du vinaigre. Ensuite elle passa la décoction et lava la tête avec l'eau, puis avec le vinaigre recueilli. Elle couvrit bien les cheveux d'une guimpe durant deux jours et deux nuits. Et après cela, ils étaient d'un brun tirant sur le noir. »
Le déodorant et l’après rasage :
On utilisait la pierre d’alun pour réguler la sudation et combattre les bactéries responsable des mauvaises odeurs. La pierre d’alun s’utilise humidifiée à l’eau froide en la passant délicatement sur la peau et les aisselles. Il faut faire au moins une dizaine d’aller-retour sous chaque aisselle pour que l’effet soit réel. Elle est aussi utilisée comme après-rasage afin de stopper les saignements dus aux microcoupures.
Le rasage et l’épilation :
Dans le livre des simples médecines, on préconise, pour éviter la « puanteur », de s'arracher les poils des aisselles et de se laver avec du vin associé à de l'eau de rose. Mais la propreté n’est pas la seule raison de l’épilation : le poil rapprochant l’homme de l’animal, on va chercher à s’en débarrasser.
Les différents types d’épilation :

Les types d’épilation du Moyen-âge diffèrent peu de ceux d’aujourd’hui. On retrouve la pince à épiler, le rasoir, la cire (rapportée d’Orient par les Croisés) mais aussi une sorte de crème dépilatoire faite à base de chaux… Son utilisation était pour le moins dangereuse pour la peau et sa durée de pose est déterminée par la récitation d’un ou deux Pater Noster.

Recette d’épilation à la chaux et à la cire (Ornatus Mulierum):
« Les dames de Salerne font un onguent qu'elles appellent "silotre" au moyen duquel elles font disparaître les poils et les cheveux, où que ce soit. Elles prennent une demi-écuelle de chaux vive, bien sèche, bien propre et tamisée dans une étoffe ou dans un sac. Elles mettent cette chaux dans un récipient plein d'eau bouillante et remuent le mélange. Quand elles veulent savoir s'il est bien à point, elles y mettent une aile d'oiseau, et si les plumes tombent de l'aile, c'est qu'il est bien à point. Alors elles l'étendent avec leur main, tout chaud, sur les poils, puis l'essuient. Vous pouvez procéder de même, mais gardez-vous de laisser l'onguent trop longtemps, car il écorcherait la peau. Vous pouvez enlever les poils autrement : prenez cinq parties de colophane (résine de pin) et une de cire et faites-les fondre dans un pot de terre, étalez ensuite sur un morceau de toile de lin et, dès que vous pouvez le supporter, appliquer sur les poils. »
Le parfum :

Le premier procédé pour obtenir un parfum est connu depuis l’antiquité. C’est la distillation hydraulique, ce procédé repose sur la condensation de vapeur d’eau sur le couvercle d’un récipient rempli d’un mélange d’eau et d’extraits végétaux macérés (fleurs, feuilles …). Le liquide ainsi récupéré sera décanté en deux phases : une phase huileuse (les huiles essentielles), et une phase aqueuse (hydrolat ou eau florale). On obtient ainsi, l’eau de rose, l’eau de fleur d’oranger, …
L’autre procédé utilise un alambic, c’est la distillation alcoolique qui apparait plus tardivement vers le 10ème siècle. Les premières traces d’alcool distillé en Occident remontent au XIIe siècle, et les premières recettes d’alcoolat de plantes –alcool dans lequel on fait macérer des extraits végétaux-, au XIVe siècle (Arnaud de Villeneuve, De vinis) Les parfums à base d’alcool tels qu’on les connait aujourd’hui sont donc rares en Europe Occidentale et tardifs.
Il faut néanmoins noter l’existence de l’Eau de la Reine de Hongrie, créée en 1370, faite par macération alcoolique de romarin dans de l’esprit de vin.

La pomme d’ambre et autres parfums solides :
D’autres techniques sont utilisées pour se parfumer, comme par exemple la Pomme d’Ambre constituée initialement d’un petit bloc d’ambre gris de baleine porté en pendentif. On lui prêtait des vertus curatives et aphrodisiaques. Par la suite, des mélanges parfumés solides seront également portés en pendentif et conserveront le nom de pomme d’ambre (aussi appelé pomander ou « pomme de senteur »).. Le premier pomander est cité en 1174 dans un texte décrivant le présent offert à l'Empereur Frédéric Barberousse par le roi Baudouin de Jérusalem. Il le remerciait ainsi de son aide dans la lutte contre les infidèles. A partir du XIVème siècle, le terme de « pomander » désigne l'objet où prend place la boule odorante. Il est constitué d'une petite cage sphérique s'ouvrant à l'équateur par une charnière et un ressort.

Une autre méthode possible est l’utilisation de petits sachets parfumés. On peut par exemple fixer de petits sacs de poudre de racine d’iris sous les aisselles pour se parfumer et absorber la transpiration.


Pomander, Italie 1350
V&A
http://collections.vam.ac.uk/item/O13437/pomander/

Dès le milieu du XIIe siècle l'influence du monde arabe à travers les échanges commerciaux et les croisades ainsi que le besoin d'hygiène contribuèrent au renouveau des parfums dans le monde occidental. On croit même à ses vertus médicinales. Ce sont donc les herboristes et les apothicaires qui vendent épices et arômes. Mais c'est aux gantiers qu'est attribué le commerce du parfum puisqu'ils s'en servent quotidiennement pour assouplir et parfumer les peaux. Malgré l'interdiction de pouvoir s'appeler "parfumeur", ils finiront par pouvoir prendre le titre de "gantier-parfumeur" car en 1190, le roi Philippe Auguste autorisa l'existence d'une corporation de parfumeurs gantiers.
Au XIIIe siècle, les parfums, sous forme de fumigation ou sous forme de vinaigre aromatisé, servent de désinfectants.

En Europe, la première école de médecine ouvre ses portes à Montpellier en 1220. Le sol crayeux et le climat chaud de la Provence sont parfaits pour la culture de nombreuses plantes aromatiques et, pendant des siècles, Montpellier rivalise avec Grasse pour s'arroger le titre de ville de la parfumerie.
L’hygiène dentaire :
Dans un passage du " Regimen Sanitatis " de l’Ecole de Salerne on peut lire, en 1239, le passage écrit par le médecin-poète Jean de Milan : "Frotte tes dents et les tiens nettes
Rien n’est si laid quand tu caquettes
Ou ris, de voir sous ton chapeau
Des dents noires comme un corbeau
Qui te donnent mauvaise haleine."

Il existe plusieurs moyens de se laver les dents. La plus simple est celle préconisée par St Hildegarde et consiste à se rincer la bouche tous les jours avec de l’eau. Mais il existe aussi des recettes plus complexes, comme par exemple un mélange de sel, de graines de fenouil et de feuilles de prêle, le tout broyé finement. Le sel aide à blanchir, le fenouil parfume l’haleine et les feuilles de prêle contiennent de la silice un abrasif qui permet de frotter la dent en surface. Il existe des variations de la prêle avec du corail pilé ou de l’os de seiche ou de la coquille d’œuf.
Ce type de dentifrice s’utilise de la façon suivante : à l’aide d’un petit morceau de tissu enroulé autour de l’index et humidifié, on vient prendre un peu de poudre. On la frotte ensuite sur les dents puis on rince la bouche à l’eau.
Pour se blanchir les dents, il fallait se les frotter avec du corail en poudre ou de l’os de seiche écrasé. Jusqu’au moyen-âge, les dents sont rarement frottées mais, quand c’est le cas - C’est au XIVème siècle qu’apparaissent les premiers cure-dents fabriqués. On se rince la bouche à l’eau ou avec une soupe de vin, voire de l’urine (son usage, attesté depuis le monde romain est cité dans les recommandations d’usage du médecin d’Henri III et disparaît au XVIème siècle) et parfois avec de l’oxymel (mélange de miel, de vinaigre et de sel marin). Les mauvaises dentitions sont donc courantes.

Les mains et le visage :

Les critères de beauté sont exigeants. Les mains ainsi que le visage sont les parties du corps visible de tous, il est donc nécessaire de les soignés. De plus ce sont les parties du corps qui reflètent la condition sociale d’une personne. Un ouvrier aura les mains brunies par le soleil, musclées et rugueuses de callosités e, alors qu’un noble aura une peau plus fine et blanche. Les mains sont lavées, les ongles coupés.
Les ongles sont coupés court -il doit subsister un minimum de « blanc » à l’extrémité- et propres. La peau est nourrie à l’aide d’onguent pour les plus riches (onguent à la calendula et à la cire d’abeille par exemple) ou de graisse animale.
Le visage et les mains sont lavés quotidiennement, le matin au lever, et chez les nobles, avant les repas.

Cosmétiques
Utilisation du maquillage
L’Eglise réprouve la « duperie » qui consiste à modifier les traits du visage, tout comme elle condamne les transformations corporelles comme les tatouages. Le maquillage n’est donc pas bien perçu mais certaines méthodes sont toutefois tolérées comme le « rouge pudeur ».

Blanchir sa peau
Une belle peau doit blanche, sans avoir subi les agressions du soleil ou du froid. Afin de blanchir une peau un trop mate, ou couvrir des taches de rousseur, les femmes utilisent des poudres blanches qu’elles appliquent sur le visage à l’aide d’une fleur de coton ou d’un morceau d’étoffe. La plus simple de ces poudres est la céruse de froment. Certaines femmes, plus riches, utilisent de la céruse de plomb mais celle-ci est aujourd’hui connue pour ses méfaits sur la peau (le plomb, en pénétrant la peau, va s’incruster dans les vaisseaux sanguins et leur donner une teinte bleue, une utilisation à long terme va noircir la peau voir la nécroser. Une utilisation trop importante entraine également des problèmes de saturnisme).

Céruse de froment (Ornatus Mulierum) :
« Mettez du froment bien propre dans de l'eau pendant quinze jours, puis broyez et délayez dans de l'eau. Passez dans une étoffe, laissez déposer et évaporer au soleil. Le fard obtenu sera blanc comme neige. Quand vous voudrez l'employer, délayer-le dans de l'eau de rose et étendez-le sur le visage préalablement lavé d'eau chaude, essuyez ensuite avec une étoffe. »

Rougir ses joues
Avoir le rouge aux joues est synonyme de bonne santé et de pudeur. Les femmes vont donc utiliser un fard rosé ou rouge. La garance utilisée en teinturerie est utilisé par les femmes mais on retrouve aussi la couleur rouge dans l’écorce de bois brésil importé des indes mais bien plus tard.

Fard rouge ou décoction de brésil (Ornatus Mulierum) :
« Réduisez du brésil en poudre, faites bouillir dans du vin jusqu'à ce que ce dernier soit bien rouge, trempez-y de la laine ou du coton et frictionnez le visage quand vous voulez. »
"Aller à la selle" :
Les plus riches avaient recours à l’étoupe de lin ou de chanvre pour s’essuyer. Il semble qu’un petit morceau de bois fit son apparition au bas moyen-âge afin d’essuyer "le plus gros" et que l’on finissait avec du foin, des feuilles ou de la terre. Les gens du peuple devaient se contenter des bienfaits de la nature et utilisaient des feuilles de marronnier ou de certaines plantes à feuilles duveteuses que l’on trouve dans les jachères.
Bains chauds, bains tièdes et bains de vapeur :
Au 13ème siècle, on se contentait de s’immerger dans de grandes cuves remplies d’eau chaude. A la fin de ce même siècle, semble-t-il apparaissent les premiers bains saturés de vapeur d’eau. En 1258, Etienne Boileau, prévôt de Paris sous Saint Louis et auteur du livre des métiers, qui codifie les usages corporatifs, fait déjà la différence entre les bains et les étuves dites sèches et humides. Les prix des bains d’eau chaude et des étuves n’étaient pas les mêmes. A Paris, nous savons, par l’ordonnance des métiers de 1380, que le prix du bain de vapeur est de 2 deniers, celui du bain d’eau tiède de 4 deniers ; mais s’estuver et se baigner coûte 8 deniers. A cela, il faut ajouter 1 denier pour un drap. A titre comparatif, à la même époque, une grosse miche de pain se vendait 1 denier.
Les étuviers sont constitués en corps de métiers, et leurs prix sont fixés par le prévôt de Paris. Il leur incombe d’entretenir leurs étuves : dans leurs statuts, il est écrit que « les maîtres qui seront gardes du dit métier, pourront visiter et décharger les tuyaux et les conduits des étuves, et regarder si elles sont nettes, bonnes et suffisantes, pour les périls et les abreuvoirs où les eaux vont ». Cet écrit est intéressant et montre que le Moyen âge avait conscience des dangers qu’une eau polluée pouvait faire courir à la population.
Les étuves et les bains synonymes de plaisirs :
Les statuts des étuviers interdisaient d’accueillir les malades, principalement les lépreux, mais aussi les prostituées. Déjà, dans le règlement de Saint Louis, en 1268, ce sujet est abordé : « Que nul du dit mestier ne soutienge en leurs étuves, bordiaux de jour et de nuit. » Cela démontre bien que, déjà à cette date, les bains commençaient à attirer les débauchés. Parallèlement, l’Église n’a de cesse de dénoncer l’usage du bain, du fait du relâchement des mœurs qui a cours dans les bains publics.
Des couples, après avoir festoyé autour d’une table, installée près d’un cuvier rempli d’eau, se dirigent vers les chambres à coucher. La prostitution, malgré les nombreux édits qui l’interdisent, sera l’une des causes de la disparition progressive des étuves. Manuscrit de Valerius Maximus.
On peut avoir, dans les étuves publiques, son cuvier particulier dans lequel on mange et boit grâce à une planche posée en travers du baquet. On peut aussi se baigner en famille ; certains baquets sont de taille respectable et on y entre à trois ou quatre, ou même plus parfois. Il y a des étuves où hommes et femmes se baignent ainsi de compagnie, mais sans être nécessairement de la même famille. L’atmosphère y est souvent gaie ; on y boit du vin, on s’y repose sur des lits, on s’y caresse, et on y fait toutes sortes de choses bien agréables, quoique proscrites par la morale...
La ville attire de plus en plus d’étrangers de vagabonds, et la prostitution se développe. Les bains sont mis sous la surveillance de chirurgiens-barbier. J.Garnier nous propose une bonne description d’un établissement de la rue Cazotte, à Dijon, au 14ème siècle.
D’abord, un rez-de-chaussée sur cave où on plaçait deux énormes fourneaux en brique (en airain : alliage cuivre, étain, bronze, dans les maisons princières). Ce rez-de-chaussée était divisé en deux grandes pièces avec une antichambre commune. La première pièce est une vaste salle de bain, possédant en son milieu une spacieuse cuve en bois et, sur les côtes, de nombreuses baignoires en bois pour une ou deux personnes.
La seconde pièce est la salle d’étuve, rappelant le laconium romain (pièce la plus chaude), dont le plafond est constitué par une massive maçonnerie se terminant en coupole, percée de trous au travers desquels s’échappe l’air chaud. Autour, des sièges et des gradins pour se relaxer. Aux étages supérieurs, des chambres à coucher, ce qui favorisait la prostitution. Il arrive ainsi qu’une étuve dégénère en lieu mal famé et on recommande aux étuveurs, pour éviter cela, d’ouvrir leurs établissements alternativement aux femmes et aux hommes à des jours différents.
Au début du 15ème siècle un grand nombre d’étuves commencent à instaurer la séparation des sexes ; ainsi à Dijon, une ordonnance prescrit que, sur quatre étuves, deux seront réservées exclusivement aux femmes et deux autres, exclusivement aux hommes, sous peine d’avoir à payer une amende de 40 sols. En 1412, une autre ordonnance décide que les étuves seront réservées aux femmes le mardi et le jeudi, et aux hommes le mercredi et le lundi. Les autres jours, les vendredis, samedi et dimanche, les étuves se transforment en lieux de plaisirs en tout genre. Cette seconde ordonnance démontre bien que la juridiction du pouvoir municipal, à laquelle étaient soumises les étuves, avait du mal à faire appliquer ses décisions et était obligée de tergiverser.

Exemple d’étuve où les clients peuvent après le bain et le repas rejoindre une dame et profiter de ses services sur les lits mis à disposition.

A la suite des épidémies de pestes qui viennent donner créance aux prédications religieuses et médicales, les étuves publiques - devenues de réelles maisons de prostitutions - doivent fermer ; parallèlement, les bains privés sont en recul car on imagine que la dilatation des pores, par une toilette mouillée, affaiblit le corps et permet l’infiltration des maladies. Il est alors entendu que la crasse est un facteur de conservation. Si les chambres de bains sont encore attestées dans les maisons nobles, leur décoration est plus florissante que leur utilisation et, pour Henri IV, le bain n’est que prétexte à des rendez-vous galants.
A la fin du 15ème siècle, on remarque un changement des mentalités, qui s’étalera sur plusieurs siècles. L’eau estime-t-on est responsable des épidémies et des maladies, croyance non dénuée de fondement en cette fin de Moyen Age où les tanneurs, les teinturiers, les bouchers jettent leurs déchets dans les rivières et les polluent.
Par réaction, les médecins commencent à penser que le bain lui-même est malfaisant pour le corps, que les miasmes de la nature pénètrent d’autant plus facilement à l’intérieur du corps, que les pores sont dilatés sous l’effet de la chaleur, laissant un libre passage aux maladies. Plus question de chanter les louanges du bain : il faut se méfier de l’eau et n’en user que très modérément.

Sources :
Propre comme au Moyen-Age / Historama N°40, juin 1987 / Monique Closson
Histoire et bizarreries sociales des excréments des origines à nos jours / Martin Monestier
Histoire du dentifrice / Sacha BOGOPOLSKY
Barthélemy l’Anglais auteur du Liber de proprietatibus en tre 1230 et 1240
Le Propre et le Sale, Georges Vigarello

Les causes et les remèdes, Hildegarde de Bingen (Sainte Hildegarde)

Exposition de la Tour Jean Sans Peur : l’Hygiène au Moyen-Age

La vie quotidienne de la femme médievale, Florian Véniel

Les origines de l'art distillatoire, Liliane Plouvier

Ornatus Mulierum, manuscrit du XIIIe siècle
Herbier de dioscoride
Il s'agit d'un manuel de santé, texte arabe du 11e siècle, écrit par un médecin chrétien de Bagdad (Ibn Butlan, mort vers 1068), conforme aux théories d'Hippocrate. Ce manuel décrit la valeur diététique de nombreux aliments : fruits et légumes, céréales, viandes et poissons, laitages ; il donne également des conseils d'hygiène de vie. La traduction en latin a été réalisée entre 1254 et 1266. Le Tacuinum est un très beau manuscrit illustré, recopié une vingtaine de fois dans toute l'Europe.
Platéarius (mort en 1161) : médecin et enseignant à l'Ecole de Salerne, Platéarius s'oppose à la tradition des formules médicales complexes (qui peuvent contenir plus d'une dizaine de plantes), héritées de la tradition médicale arabe, et écrit le : « Livre des simples médecines »
Le Ménasgier de Paris : Ce recueil écrit vers 1393 par un haut bourgeois de Paris, d'un âge mûr, pour sa jeune épouse, est un mélange d'instruction religieuse et morale ainsi que d'économie domestique. On y trouve les articles concernant le jardinage, les domestiques, le traité de chasse à l’épervier et la cuisine. Il est le seul recueil bourgeois, donc non aristocratique. La culture des « plantes »du jardin y est mentionnée. On y découvre une très bonne description technique culinaire et une excellente connaissance de la diététique médiévale.
Livre des simples Médecines : écrit en latin par Platéarius entre 1130 et 1160, est un catalogue des plantes médicinales, avec description biologique et effets thérapeutiques. Le texte d'origine sera ensuite modifié, développé, traduit, pour aboutir, au 15e et au 16e siècle, à un magnifique manuscrit illustré, dont on a conservé plusieurs versions (Paris, Leningrad). Le livre des simples médecines se situe entre l'Herbier, avec des planches illustrées de la plupart des plantes présentées, et le Codex pharmaceutique. Dans sa version la plus complète, 425 plantes et 61 produits d'origine minérale ou animale sont étudiés (la pharmacie française actuelle emploie seulement 390 plantes).
Hildegarde Von Bingen, Religieuse bénédictine, (1098-1179), née près de Bingen, en Allemagne. Mystique, musicienne, médecin, elle a mis en pratique son savoir médical. Appelée souvent « La sainte guérisseuse », elle est en réalité une véritable femme médecin, à qui nous devons 4 livres « Physica », dont 3 traitent des maladies et des plantes médicinales. Hildegarde y reprend et complète les connaissances phytothérapeutiques anciennes de Théophraste, Dioscoride, Galien et Pline, et divulgue les propriétés d’environ 250 plantes, dont plusieurs, ont été signalées par elle pour la 1re fois. Le 4ème livre donne des recettes à l’usage des familles, dont certaines sont toujours valables.
Ecole de Salerne : Une des grandes écoles de médecines, située près de Naples, qui jouit, du 9ème au 13ème siècle d'une réputation considérable. L'école de Salerne base ses connaissances sur les textes des anciens (grecs et arabes). Elle transmet à tous le savoir médical des médecins grecs de l'antiquité, enrichi des recherches de la médecine arabe de Bagdad. Son principal ouvrage rédigé vers 1060 est « La médecine selon le régime sanitaire de l'Ecole de Salerne ». Ce texte médical comprend, en particulier, des règles d'hygiène et d'alimentation pour se « préserver en santé », souvent sous forme de poèmes anonymes.

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Lunaewen
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   Posté le 23-01-2013 à 17:54:52   Voir le profil de Lunaewen (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Lunaewen   

J'ai pas eu le temps de tout lire ce soir mais... Waow, merci Maelle!

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gueuloup
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gueuloup
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   Posté le 23-01-2013 à 21:34:21   Voir le profil de gueuloup (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à gueuloup   

beau boulot, je lirais ça quand j'aurais plus les nyeux qui piquent ^^

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Acer
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Acer
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   Posté le 24-01-2013 à 18:16:48   Voir le profil de Acer (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Acer   

Beau travail Maëlle, très intéressant.

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Acer
Lunaewen
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   Posté le 05-08-2013 à 15:56:54   Voir le profil de Lunaewen (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Lunaewen   

Bon, c'est quand qu'on investit dans un baquet? ^^

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