| | | | | | | | Lunaewen | | Membre | | 37 messages postés |
|  Posté le 26-07-2013 à 14:34:11   
| En attendant mon dossier complet sur le costume histo au XIIIe, je poste ici la partie sur les tissus, parce que je me dis que le plus tôt sera le mieux, ça évite les achats que l'on regrette par la suite ^^
TISSUS ET MATIÈRES
-Matières végétales (= « toile » ) :
Uniquement pour les sous-vêtements, doublures et coiffes car elles prennent beaucoup moins bien la teinture que les matières animales avec les techniques de l’époque, donc couleurs naturelles (beige, écru ; pour les moins riches) ou blanc car si on ne savait pas bien les teindre et que la couleur passait très vite en revanche on les blanchissait facilement (pour les plus riches).
Egalement pour d’autres usages comme les gambisons.
Exceptionnellement dans des couches de dessus dans certains ordres religieux.
> Lin (bon marché dans les régions humides, idéal pour nous et moins cher aujourd’hui)
> Chanvre (bon marché dans les régions plus sèches)
> Coton (débuts de l’importation, se répand au sud mais reste un luxe au nord)
> Futaine (mélange lin/coton, même restrictions que le coton)
> Ortie (pour ceux qui se sentiraient une âme d’aventurier)
Le lin sert aussi pour la décoration (nappes, draps, serviettes de toilettes, torchons…) ou même de « papier » hygiénique. Le lin peut être plus facilement coloré pour ce qui ne se lave pas comme certains tissus d’ameublement mais cela reste onéreux (couleurs : brun, gris, noir, bleu, pourpre. Les autres comme le rouge sont bien moins stables)
-Matières animales (= « drap » ) :
Pour toutes les couches du dessus, et colorées : cottes, surcots, mantels, chaperons, capes, etc.
> La laine de mouton est la plus utilisée
- Drap de laine
- Sergé de laine , divers motifs géométriques possibles (obliques, chevrons, losanges)
- La laine Mérinos existait déjà (déjà luxueuse à l’époque)
- Pas de "laine bouillie"
> La laine de caprin (équivalent du cachemire mais produit chez nous)
> On trouve toutes sortes d’étoffes de poils (belette, hermine… même chameau pour les riches)
> La fourrure pour doubler certains vêtements pour avoir chaud, ou des couvertures.
> Le cuir exclusivement pour les accessoires : chaussures, gants, ceintures…
> La soie commence à être utilisée mais est extrêmement luxueuse au nord car en plus d’être chère elle vient de méditerranée. Pas de soie sauvage, on n’aimait pas les irrégularités. Il s’agit plutôt d’une soie solide et brillante qui ne se froisse pas. Elle est réservée aux très très hauts statuts (princes…) et même le sergent ne pourrait pas se le permettre (sauf si l’on prend en compte le fait qu’il est drapier), d’autant qu’on est en Bretagne. On peut en revanche imaginer de la soie utilisée pour certains galons, décorations… Elle est aussi utilisée pour les ceintures.
La laine sergée peut être ton sur ton, mais aussi bicolore (ou même multicolore ?), comme des chausses ou doublures de cape que l’on voit sur certaines sources.
Le sergé est très à la mode au XIIIe, et se démodera au XIVe.
On trouve quelques mélanges laine/lin ou même laine/coton.
La soie aussi peut-être mélangée avec du coton ou du lin, mais cela reste un grand luxe.
Que l’étoffe soit animale ou végétale, son épaisseur dépend du statut social (plus on est riche, plus on peut acheter du tissu fin) mais aussi des usages (saisons…).
En cas de froid, mieux vaut tout de même une multiplication de couches qu’une seule épaisse si l’on peut se le permettre.
Une laine extrêmement fine peut même être utilisée pour un voile féminin.
Attention : La laine n’est pas chaude, elle est isolante > Oui, MAIS à condition de ne pas prendre n’importe quelle laine ! De nos jours on trouve surtout de la laine d’hiver type drap de laine épais à des prix abordables. Mais en plein été sous le soleil, il ne faut pas se leurrer, vous aurez chaud avec ce type de laine. Au Moyen Age ils utilisaient de la laine, oui, mais il y avait aussi de la laine très fine pour l’été. C’est très cher en général car cette laine est utilisée pour les costumes 3 pièces… (laine type super 100, 120, 140...) Mais ça se trouve quand même à bon prix parfois (fin de séries, etc) et il faut sauter sur l’occasion dès qu’on en voit, quitte à la teindre si la couleur ne nous plait pas. J’en ai vu chez Emmaüs à 3 euros les 2 mètres… Chez tissu myrtille, en solde à 12 euros le mètre, en coupons à Paris à 60 euros les 3 mètres... (C’est cher mais c’est rien à côté du prix au mètre habituel : 50 euros ! Et c’est une qualité exceptionnelle, beaucoup plus confortable, légère et isolante que le lin, le top du top !) Et il y a des laines intermédiaires encore moins chères qui restent très bien (Et plus adapté si votre personnage n'est pas riche) Le drap de laine épais c’est pour les capes, manteaux, ce qui est fait pour avoir chaud quoi. Si vous faites la cuisine ou si vous dansez sur le campement, vous mourrez de chaud avec ce type de laine surtout si vous êtes une fille et que vous n’êtes pas censée vous mettre en chemise.
La laine se lave à l’eau sans souci, contrairement aux idées reçues (elle se teint aussi sans problèmes)
Ce qu’il faut éviter à tout prix ce sont les chocs thermiques , qui la font feutrer et la rendent inutilisable, c’est irréversible.
Donc on lave la laine à la main dans de l’eau à température ambiante (mieux vaut plus froid que plus chaud). Si on a besoin de teindre à froid ou à chaud, on ajoute de l’eau froide ou bouillante progressivement dans l’eau en mélangeant bien, que le changement de température soit progressif. On peut tester la machine à laver en position laine, mais toujours essayer sur un morceau de tissu avant. Certaines machines rincent à l’eau froide brutalement alors qu’elles ont lavé à 30° donc cela peut-être la catastrophe, alors que pour d’autres il n’y a pas de souci. Penser à utiliser une lessive peu agressive ou spécial laine (moi je prends de la lessive écologique l’arbre vert)
Ne pas s’inquiéter si la laine perd des fibres lors des premiers lavages, Perline m’a dit que c’était normal, c’est l’apprêt qui part et ne maintient plus toutes les fibres qui étaient mal accrochées dans le tissage de l’étoffe, au bout d’un moment il n’y a plus de problème, il ne reste plus que les belles fibres bien tissées du tissu. Par contre on fait sécher à plat si l’on peut et on essore le plus délicatement possible et le moins possible.
Toujours laver le tissu avant de coudre, dans les mêmes conditions qu’on lavera le costume , car la laine rétrécit au premier lavage.
- Les fils :
> Lin : pour coudre la laine et le lin (surtout en couleur naturelle, mais également coloré pour ceux qui peuvent se le permettre). Aussi fin que le fil de coton qu’on trouve actuellement, ou presque. Rien à voir avec les grosses bobines qu’on trouve en reconstitution et qui servent pour les très pauvres ou d’autres utilités que le vêtement.
> Coton : plus courant que l’étoffe de coton, mais tout de même beaucoup plus rare que le fil de lin.
> Soie : pour coudre la soie et la laine quand on peut se le permettre, car plus solide (donc priorité aux boutons et œillets). Également pour les coutures décoratives. Grand choix de couleurs.
> Laine : extrêmement rare car trop fragile
Un grand nombre de points de couture sont possibles (avant, arrière, surjet, coulé…) On utilise le point de feston pour les amigauts et les boutonnières, et le point de gribiche pour la laine qui s’effiloche peu et ne nécessite pas d’ourlet.
On utilise une grande variété de coutures, en particulier la couture emboîtée qui est très solide, ainsi que la couture rabattue. Une parementure fine peut être utilisée dans des zones difficiles à ourler. On trouve parfois aussi de temps en temps un biais à l’encolure (Auqueton d’Isabelle de France), très fin et de la même étoffe.
Pour les coutures on peut voir ici des exemples : http://www.guerriersma.com/contenu/Articles_tutos/chemise/texte%20article%20chemises2.html
Partie sur la chemise de Philippe Auguste, inspirée de la Chemise de Saint Louis.
Sources : Moi-même et Tina Anderlini.
Edité le 26-07-2013 à 14:35:18 par Lunaewen
--------------------
|
| | Lunaewen | | Membre | | 37 messages postés |
| Posté le 28-07-2013 à 13:14:06
| Je vous transmet ce que vient de me dire à l'instant Tina Anderlini sur les matières végétales en Bretagne : "Certains coins de la Bretagne étaient réputés pour leur lin, en effet. Le pays de Leon avait carrément une réputation internationale et les coiffes faites en lin de Leon étaient vendues sur Paris, et exportées dans les cours royales."
--------------------
|
| |
| | | | | | | | | |
|
